1958 nouveau tract sur l'adduction d'eau

TOUJOURS L’ADDUCTION D’EAU

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A MES CONCITOYENS.

 

Je n’ai point à revenir sur ce que j’ai écrit dans le PUBLICATEUR LIBRE des 20 et 27 Septembre et 18 Octobre derniers ; c’était et demeure la réalité.

Le 11 octobre, dans le même hebdomadaire, un entrefilet signé de Madame Launay Rocher a tenté une ridicule réaction ne valant pas réponse.

Néanmoins, nous avions cru voir passer de la copie au journal. Le  30, nous recevions de son directeur un mot daté du 21 : « tout bien pesé, j’estime qu’il serait superflu de continuer la polémique… » Ah, le bon juge ! Le meunier, son fils et l’âne étaient tombés sur le nez.

          Je viens juste de lire un interview du Chancelier du gouvernement fédéral de l’Allemagne de l’Ouest, Konrad Adenauer, qui rapporte que son père, un membre de la basoche, lui disait toujours : « va jusqu’au bout…tu en seras content » soit en français de chez nous : NE TE DEGONFLE PAS SIT TU VEUX ABOUTIR.  EN FAIT LE Premier ministre Allemand n’a pas trop mal réussi.

          Donc j’écrivais le 12 octobre dernier, les lignes qui suivent à Ventre Saint-Gris, Madame la Duchesse ! Entendez-vous faire de nos Ediles « une tablée de bons dieux », emplir notre bourg de grincements d’essieux ou simplement plaider votre cause ? Nul n’a rien compris.

          Vous aimez votre village, votre maison, les fleurs, les oiseaux ? Alors faites de la peinture ; voila cinq ans que nous nageons dedans et…parait-il, ce n’est pas fini. – Fleurissez vos croisées de géraniums « aux teintes les plus vives et les plus variées » : ça les habille – Suspendez une cage de serins au-dessus de votre entrée : rien ne vaut la vie de famille. Scellez, bien en vue sur la façade de votre immeuble, un zinc émaillé avec la suscription « Château de Ducs » : ça fait riche.

          Tout ça, ma belle, du vague à l’âme, maladie du bas-bleu.

          Nous avons une belle école ! Heureusement que vous le dites ! Pourquoi ne pas ajouter qu’elle a couté à la commune SIX CENT MILLE FRANCS, modèle 1935 ? J’en ai payé ma part et vous ? Dans tous les cas, elle sert à tous.

          Nous avons un BEAU TERRAIN DE SPORT ! Pourquoi faire qu’il n’a jamais servi, malgré la présence, à son bord « d’un pont transbordeur », carcasse d’arc sous lequel, seules les vaches passent en triomphe. Avouez que pour l’établir on n’a pas ménagé le bois.

 Nous avons de BELLES DOUCHES ! Cadeau de l’HIGIENE PAR L’EXEMPLE, j’en conviens, mais qui ne sont pas utilisables qu’à condition de rétribuer un Bidule pour chauffer la marmite. Hélas, nous les connaissons les belles douches ! il en pleut de impositions ! Sacré Bidule ! Le tout est à votre disposition, chère amie.

L’ELECTRICITE ! Voila vingt ans qu’elle nous inonde de sa belle lumière tut en s’allumant tard et s’éteignant tôt.  Elle flambe ici et la et si, pas ailleurs, à qui la faute : « Ca faisait poue ès viaux »

Bref tout ce que dessus : PATHOS, LAIUS à la noix ; il y a beau jour que nous renseignés. Enfin, voila le bouquet : « Oh la belle bleue ! vivent les commissaires »

Des hommes et bienveillants veillent au bien-être de tous leurs administrés, s’efforçant, dans la mesure du possible de leur épargner fatigues et peines inutiles, « Minute papillon ! »

Peut-on qualifier sensée une dépense de vingt millions pour distribuer quelques chopines de sirop de canard à une douzaine de mues disposant de 17 puits NON, NON et NON et c’est IDIOT ! Pensent et disent avec raison un millier de citoyens sur les 1150 que compte la paroisse.

Peut-on considérer avec bienveillance de ZEBRES qui puisent dans mille poches au bénéfice d’une vingtaine de profiteurs dont un quart de fonctionnaires ou assimilés ? NON.

Peut-on parler de bien-être général quand on sait pertinemment que le clysopompe projeté n’irriguera pas un hectare sur 3108 que comporte notre interland ? NON. Voyez-vous le gigantesque MANNEKEN PIS qu’il faudra ériger pour envoyer son pissat sur les Limbes, la Nocherie ou le Chesnet ?

Bref, pompe à eau, pompe à phinance pompe à ….nous sommes pompés : s’il est besoin, rien que pour assurer le démarrage, de mobiliser une demi-section de pompiers et un Adjudant, il nous faudra dans le feu de l’action, faire appel à tout un régiment de Génie, colonel en tête.

N’est-ce point là de l’humour, d’la belle humour, d’la vraie humour ?

D’aucuns voient, dans l’article de Madame Launay Rocher, un plaidoyer PROM DOMO : si en effet Madame la Duchesse a le puits public à sa porte, manquant de pot, elle réclame la pose d’un robinet à domicile. « Qu’importent quelques picaillons » ca ne te coûte de rien ! Lorsque c’est la princesse qui paie, que la princesse c’est MOI, c’est TOI, c’est VOUS, nous avons le droit d’en avoir marre et nous avons marre d’appartenir à l’une des communes les plus grevées du département.  

La dite Dame ne veut nulle fatigue, même légère, ça n’a pas l’habitude du gros boulot. Longues vacances, riche solde, confortable retraite ! ca en r’demande « une portion » comme dans la chanson. Eh bien, si tu comptes, ma vieille, que nous allons nous essienter le tr… de balle pour que tu te gobelottes, tu ne nous as pas regardée.

On tente de nous en mettre plein la vue avec le PROGRES SOCIAL. Ne nous laissons pas prendre à la magie des mots : le progrès social ne consiste pas à commettre mille folies, à dépenser, sans rime ni raison, et sans compter l’argent du contribuable, à soutenir la fainéantise avec le fruit du travail des autres.

Et cette sotte histoire se termine comme elle a commencé par une « couillonnade ».

« Nos édiles ne s’enlisent pas dans la routine…. » Non, ils se contentent des ROUTONS, pourquoi on a inventé les suppositoires.

« …Et ne nous forcent pas à vivre comme des fossiles… ». un fossile ne vit pas, Mme Launay Rocher ; s’il vivait, il ne serait pas un fossile (vor le Petit Larousse). Tu t’enlise, Louise.

Si donc la duchesse a voulu se payer la tête du Conseil Municipal elle n’a pas manqué son coup. « Le bas Bleu, disait Peguy, peut acquérir une grande vertu politique… » peut acquérir n’est point acquis ; quant à la vertu économique (alias économie) mieux vaut, Mesdames, en ce qui vous concerne, n’en point parler.

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Voilà ce que j’écrivais et ce que « tout bien pesé » le Publicateur Libre  a estimé devoir maintenir sous le boisseau. S’il m’a refusé l’hospitalité qu’il accorde d’ordinaire aimablement à ma prose c’est que… !!!Mais i s’est par contre montré fort généreux avec le Conseiller Général du canton dont il a trouvé moyen de caser in-extenso, dans son numéro du 1er novembre le rapport fait à ses collègues, justement, sur la question qu’il me recommande d’enterrer. Comprenne qui pourra !!

Si vous voulez, nous allons lire ensemble de ce rapport, il s’étalait en première page. « Un effort a également  été réalisé en ce qui concerne l’adduction d’eau…pouvons nous rester sourds à l’appel de toutes ces cultivatrices admirables de courage et de dévouement…etc.… » Prosper, passe-mé la main dans le dos, j’ai d’qué qui m’démange. N’exagérons rien, les ménagères du Pays Bas n’ont rien à voir avec les « amazones d’un Caron de bon marché.

« Certes la distribution d’eau sous pression s’est développée ces dernières années dans les grosses agglomérations.. » d’accord, M. le Conseiller Général : c’est utile et ça paie. Cependant reconnaissez que l’on tombe parfois sur un « bec » comme à Lonlay-L’Abbaye, dit-on ???

Mais quels efforts restent encore à faire pour qu’un confort semblable et cependant bien élémentaire puisse être mis à la portée de tous les hameaux isolés entre lesquels se trouvent la plus grande partie de la population du département. Si les éminents collègues de notre éminent représentant ont pu lire cette assertion sans rire, je veux être pendue par les orteils. Comme « bourrage de mou », il est difficile de trouver mieux.

(A)  Nous serions curieux de savoir si tous les hameaux de Rouellé sont dotés de l’eau courante ou … en passe, seulement de l’être ? entre nous Rouellé vaut bien Saint Bômer.

(B)  Dans tous les cas, en ce qui nous concerne, voila ce que donne la proposition Roulleaux-Dugage : St Bômer s’étend sur 3018 hectares avec 28 kms de tour de taille : un joli p’tit faisant valoir.

          Ses 1150 habitants sont répartis en 114 hameaux ou villages, y compris le Bourg qui n’étant pas central, se trouve être distant de plus de 5 km de certaines agglomérations.

          Voyez-vous dans ces conditions, le château d’eau à ses abords expédiant par 114 conduits, l’eau à 114 villages ? L’opération serait une folie, couterait des millions et des millions. Bien que le budget national ne soit pas à un million prés, il y a tout de même une limite à tout.

          Le comble de l’affaire, c’est qu’on est en passe de dépenser 20 millions pas pour  114 villages, mas pour deux : le Bourg et les Forges. Et c’est ça qu’on a le culot de baptiser INTERET GENERAL ! Nos brasseurs du Nord et de l’Est vos diront qu’avec trop d’eau sur le mat d’orge et le houblon, on fait de la piquette.

          Le Bourg avec ses 26 feux et ses 17 puits ne comptera pas plus de TROIS abonnés payants, vous devez bien penser, en effet, que Cure, Ecoles, Poste et ce qui reste de l’hospice seront desservis au frais du populo.

          Les Forges, avec 42 feux et 23 puits n’en donnerons que HUIT, y compris la Sté Laitière qui, affirmait un conseiller, brillant causeur, le dimanche 22 novembre, s’était inscrite pour une consommation journalière de 50 m3.

          Au TOTAL donc ONZE ABONNEMENTS PAYANTS et CINQ GRATUITS ou payés par la Collectivité. CROYEZ VOUS, bonnement, que c’est avec ça qu’on amortira les 20 MILLIONS enfouis dans notre sous sol ?

          Le s « Grandes Gueules » qu’on dirait payées pour l’ «ouvrir » feraient bien mieux de la « boucler » : on entend malheureusement trop de sonneries dans la paroisse

          Il ne faut tout de même pas nous prendre pour des andouilles !!!et que nous pouvons nous  conclure du projet élaboré par la Municipalité et des propositions de l’Assemblée départementale ? Une seule chose : la compétence financière du Général comme du Cipal sont sujettes à caution.

          Remarquez, au surplus que nul ne se risque à parler de l’évacuation des eaux polluées. Si l’on prévoit, par exemple, l’envoi quotidien de 50000 litres d’eau à la fromagerie. Il faut en prévoir l’évacuation. C’est élémentaire ! 

Alors quoi ? des canalisations, l’empoisonnement des eaux du ruisseau du Gué de Salle ! des frais pour tout le monde et mille ennuis pour les riverains, à moins de procéder à l’achat de wagons-citernes qu’l faudra bien vider quelque part. Au bout du compte : 1149 contribuables vont se cotiser OBLIGATOIREMENT pour un gros usager. M…,ince !!!   

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          Nous avions, en son temps signalé que le Génie Rural n’avait point, chez nous, agi des a propre initiative, qu’il avait été sollicité. En voici la preuve : 

          « Monsieur, comme suite à la correspondance citée en référence, j’ai l’honneur de vous faire connaître que l’adduction d’eau potable, pour les deux agglomérations, les plus importantes de la commune de St Bômer les Forges (le Bourg et les Forges) a été demandée par le Conseil Municipal, dans sa séance du 30 novembre 1947.

          En vue de satisfaire à cette requête, le service du Génie Rural, sollicité expressément par une nouvelle délibération du 25 janvier 1948, a élaboré un programme de travaux qui a été agréé par la Ministère de l’Agriculture le 11 juillet 1950 et adopté par l’assemblée communale dans sa séance du 3 novembre 1950.

          Les travaux relatifs à l’utilisation des eaux seront subventionné si le RESULTAT DES CAPTAGES S’AVERE SATISFAISANT…. (se reporter au Publicateur Libre du 18 octobre dernier)

          Nous avions parlé aussi de gaspillages des fonds publics.

          Reprenons le rapport Roulleaux Dugage (Publicateur libre de 1er novembre dernier).

          « En date du 31 juillet 1953, 6 599 300 fr avaient déjà été répartis ; permettant la réalisation de 78 projets correspondant à 25 360 000 fr de travaux »

          Faites le compte et vous pourrez constater :

(1)  Que l’établissement des projets coute bonbon puisqu’il correspond au quart des travaux à effectuer. Nous lisons bien : 6 599 300 fr de frais de devis pour les travaux évalués à 25 360 000 fr.

(2)  Que l’établissement de chaque projet revient  à la somme de 84 606 fr soit  6 599 300 fr : 78 = 84 606 fr 40. Dépense hors de proportions semble-t-il, du moins en ce qui concerne St BÔMER, considérant surtout qu’il est conclu. « l’acquisition ne deviendrait définitive que si les ouvrages de captage donnent satisfaction. Dans la cas contraire, le terrain sera restitué au propriétaire, apré remis en état des lieux aux frais de l’Etat ».

(Publicateur libre des 4 et 18 octobre 1953)

 

Dans ces conditions, que vaut l’affirmation suivante du Conseil Municipal de la commune

          « Les deux sources du Val mesurées à trois reprises fournissent une moyenne de 74 m3. En ce qui concerne les utilisateurs éventuels, qu’on se tranquillise, chacun prendra l’eau tout comme on a pris l’électricité ! Le compte des foyers a été fait ! »

          Vous avez bien lu : SOIXANTE-QUATORZE METRES CUBES ; si l’usine des Forges en accapare déjà CINQUANTE, combien va-t-il rester pour les NOMBREUX abonnés ?

          Le « compte des foyers » a été fait ! C’est lui et le « nom » des « utilisateurs » qui nous intéresserait. Mme Launay-Rocher nous parlait de « fossiles vivants » , notre secrétariat utilise les « utilisateurs » : ou diable, tout ce monde la a-t-il appris le français ?

          Pour peu, citoyennes et citoyens, que les 78 projets élaborés par l’Administration donnent le résultat constaté à St Bômer, des millions vont danser le Rigodon. Qu’on ne s’étonne donc pas, après ça, d’ouïr les Caisses Publiques sonner le creux. Nous autres, les payeurs serions vite en déconfiture si nous travaillons de la sorte.

          Je n’ai plus, hélas ! vingt ans, ou plus exactement si, je les ai, et d’autres avec, mais…comme disait Fréderic Ozanam : « si quelque chose me console de quitter ce monde…c’est que je n’ai jamais travaillé pour louange des hommes mais uniquement pour la vérité »

                    (F. Ozanam sur son lit de mort)

                                                                               CHARLES NOBIS.

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